Chroniques d'un passionné

Mot clé - La petite maison dans la prairie

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mardi, mai 1 2001

Jeter les bases ...

Mai 1999.

Mon premier voyage, que je qualifierais d’initiatique ou de repérage, s’effectue dans la hâte et un climat d'excitation intense compte tenue de mon amour pour ce grand pays, berceau de mes rêves les plus fous et catalyseur de toutes mes idées d'ambitions.

Prendre un long courrier pour la première fois de ma vie est une expérience incroyable.

Je suis accompagné d'un ami et nous n'avons absolument rien préparé en ce qui concerne les hôtels ou les lieux à visiter, ce qui ajoute à notre curiosité mais aussi notre crainte de l'inconnu si loin de nos racines.

Le décollage de l'aéroport de Francfort me transperce de peur et je reste collé à mon siège totalement crispé et incapable de pensé à quelque chose d'apaisant.

nous arrivons sur le terminal de Los Angeles et là, l'immensité de la ville la nuit nous stupéfait.


los angeles (99) aterrissage de nuit
envoyé par usa2001

Ma vision de certaines choses devient claire.
Les rencontres éventuelles ne doivent pas se faire autour de gardes du corps, de barrières ou de 200 autres fans en délire, avides d’un cliché qui n’aura rien de personnel.
Faire comme tout le monde ne m’intéresse pas.

A l’affût, bien renseigné par la presse locale et les gens du cru, je fais des rencontres privilégiées loin des caméras et de la foule : James Caan, Wes Craven, Steve Buscemi, Aidan Quinn, Michael Hagerty (le concierge de Friends) et

Peter FalkPeter Falk qui, devant sa maison de Beverly-Hills, m’autorise à le prendre en photo.

Ce dernier klaxonne deux fois puis me fait un signe de la main en guise d'au revoir, avant de partir au loin dans une Cherokee dernier cri…je comprends, à ce moment, qu’il m’est désormais possible d’approcher des gens influents et donc d’espérer sérieusement réaliser un jour mon rêve…celui de voir les droits de mon futur roman être adaptés à l’écran.
Après tout, d’autres y sont arrivés avant moi.

Ma rencontre fortuite avec Rodrigo Vidales, un ingénieur (en vidéo et systèmes de télévision)
d’origine française (Bayonne) travaillant sur la série Friends, va booster ma lente progression.
Me proposant de pénétrer dans le saint des saints du cinéphile, la mecque du cinéma mondial, à savoir les studios de la Warner Bros. de Burbank (à dix kilomètres de Hollywood) celui-ci, me suit pas à pas, me demandant de faire très attention quant aux photos.
Il se trouve que les vedettes (en tout cas une majorité), détestent être prises en "filature" sur leur lieu de travail.
J’exulte, m’attendant à voir certaines d’entre elles débouler devant moi, mais rien ne vient et il faut partir pour la France dans quelques heures.
Frustré, je flâne ici et là et parviens tout de même à croiser Matthew Perry (le "Chandler" de Friends) dans une vieille Saab 900, arborant une mine congestionnée et une casquette de la production, visée à l’envers, sur la tête.

Un peu plus tard, dans cette même journée , sur Beverly-Hills je fais la rencontre des pompiers de la ville et ceux-ci , très cool, me propose de prendre la caméra et de filmer un souvenir très personnel:

Je vais marcher longtemps sous un soleil de plomb pour déboucher sur les studios de la télévision NBC.
Un hélicoptère aux couleurs de cette dernière atterrit et je m’en vais poser des questions au passager sur La petite maison dans la prairie.
Je veux connaître les lieux de tournages, d’éventuelles bonnes adresses, mais personne ne sait quoi que ce soit.

Dépité, je prends un bus pour me rendre sur l’une des plages les plus connues au monde.
Santa Monica beach.
Là, le grand Stephen J. Cannel (producteur de Rick Hunter, 21 Jump Street et de L’agence tous risques) fait son jogging et je l’arrête pour lui faire part de mes sentiments à son égard...
Vous savez, le personnage rivé à chaque fin d’épisode devant sa machine à écrire et qui envoie valdinguer une feuille de papier dans les airs ?
Souriant, ce géant de la production hollywoodienne me souhaite la bienvenue.
Un peu plus tard, sur la même plage (servant de décors à plusieurs séries TV, dont Alerte à Malibu et Pacific blue), je croise David Schwimmer (Ross de la série fétiche des américains, à savoir Friends) aussi antipathique que pressé sur son V.T.T.

Je rencontre notamment un producteur indépendant du nom de John Baun avec qui j’entame une très vive discussion passionnée sur le thème de mes projets d’avenir, celui-ci est très enthousiasmé et me tend sa carte tout en me conseillant de terminer mon roman au plus vite afin de le recontacter… à suivre donc.
A peine sorti de la même limousine, l’acteur Aidan Quinn (Légendes d’automne), fils du feu Anthony va m'être présenté.

Ci-dessous une photo que j'ai prise et qui montre mon compagnon de route d'alors avec Michael Hagerty (le concierge de la série culte "friends".


Celle -ci a été prise sur Hollywood boulevard en compagnie de l'acteur Aidann Quinn (fils de feu Anthony Quinn) celui-ci a été vu dans de nombreux films tels que "Michael Collins", "légendes d'automne" ou encore "blink".

Ici c'est avec le défunt Seymour Cassel ( croc-blanc, animal factory, proposition indécente) que mon pote pose.

Je rencontre, lors d’une vente en plein air, un acteur que je suis seul à reconnaître, ce jour-là.
Ce dernier, une poussette dans les mains, me dit s’appeler Timothy Carhart et je me souviens alors l’avoir vu incarner des seconds rôles dans des productions comme :
A la poursuite d’octobre rouge, S.O.S fantômes, Thelma et Louise, Red Rock West , Le flic de Beverly Hills 3 ou encore Air Force One.

TIMOTHY CARHART

Mon avion attend, alors que je regarde une dernière fois la piste d’envol, les mains tendues et crispées par une peur viscérale du décollage.
Je sais déjà que mon prochain périple m’apportera bien plus, mais impossible pour moi de repartir sans avoir accompli une chose hautement symbolique à mes yeux : Aux mépris des lois et des risques encourus, je gravis la colline sur laquelle trône l’imposante enseigne Hollywood.
Je filme les alentours, mais à peine ai-je le temps de reprendre mon souffle, voilà qu’un avertisseur sonore m’ordonne de quitter les lieux sous peine de poursuites judiciaires, aussi, je prends la poudre d’escampette.

Content de mon exploit...pendant un court instant, j’étais le maître du monde.
Ceci restera l’un des plus beaux moments de ma vie.


hollywood sign (1999)
envoyé par usa2001

A mon retour au pays, je participe activement au développement d’un magazine au tirage limité pour lequel je tente de jouer les pseudos journalistes.
Remarqué par un journal à grand tirage possédant des pages locales, je deviens "correspondant cinéma" de la ville et mes articles s’enchaînent avec pour l’un d’eux, une photo et une enquête sur le phénomène Star Wars, issues de mon récent voyage aux "States".

1999 - Star Wars Episode 1

Mais le temps passe.
D’usine en usine, je ne me sens pas à ma place dans celles où je travaille et il me faut repenser au futur.

La genèse ...

« C’est une chose étrange, de voir avec quelle sorte d’ardeur fébrile les américains poursuivent le bien-être et comme ils se montrent tourmentés, sans cesse par une crainte vague de n’avoir pas choisi la route la plus courte qui peut y conduire.
L’habitant des États-Unis s’attache aux biens de ce monde, comme s’il était assuré de ne point mourir.
Il met tant de précipitation à saisir ce qui passe à sa portée, qu’on dirait qu’il craint à chaque instant de cesser de vivre, avant d’en avoir joui.
La mort survient enfin et elle l’arrête avant qu’il ne se soit lassé de cette poursuite inutile d’une félicité complète qui fuit toujours ».

C’est ainsi qu’Alexis De Tocqueville, célèbre juriste et penseur du milieu du dix-neuvième siècle, dépeignait les Américains à l’époque des pionniers.

J’ai trente ans.

Lorsque j’étais encore enfant, mon Amérique à moi se dévoilait naïvement sous les traits de héros joués par des pointures telles que John Wayne, Gary Cooper ou Steve Mc Queen et je ne connaissais alors rien à sa jeune histoire, si ce n’est qu’un certain Christophe Colomb et un certain Amerigo Vespucci en avaient découvert les rivages quelques siècles à rebours.
La tour infernale était en feu, les indiens étaient les méchants.

Mon hommage personnel à la tour infernale, le film qui m'a pour la première fois marqué et qui m'a ouvert au septième art.

Les flics ne se prenaient pas encore au sérieux, à bord de leur longue voiture rouge zébrée d’un ruban blanc.
Des envahisseurs, venus de l’espace, se frottaient à la résistance et avalaient des rongeurs en guise de déjeuner.
James West et son ami Arthemus Gordon élucidaient des mystères à la pelle, Casimir préparait son gloubiboulga et Goldorak sauvait la planète, menacée par les golgots.
C’était le bon vieux temps.

A l’époque, jeune habitant d’une paisible bourgade du nom de Jungholtz (Alsace), je n’excellais pas en classe.
A vrai dire, les professeurs me prédisaient un avenir très approximatif.
Mes notes tombaient en désuétude, je me foutais de tout, comme nombre d’adolescents réfugiés dans le mépris des institutions et des règles parentales, tandis que les miens se tiraient les cheveux dans tous les sens.
Pourtant, l’Amérique et ce qui s'y rapportait avait la faculté presque magique de me rendre attentionné et allait jusqu’à calmer les ardeurs toutes juvéniles qui étaient les miennes.

Je passais, dès lors, des séries cultes de la NBC (dont ma préférée restera sans doute La petite maison dans la prairie), aux livres sur la guerre de sécession et aux programmes du National Geographic diffusés à la télévision qui dévoilaient d’invraisemblables images de paysages, volés aux plus grands westerns et je rêvais… je rêvais de grandes étendues et de stars hollywoodiennes.
Deux rêves bien distincts mais réels.

Une passion voyait le jour, alors que deux autres, tout aussi dévorantes, allaient poindre le bout de leur nez, posant les rails d’un possible et futur destin : le cinéma et l’écriture.
Rien ne me prédisposait alors à l’écriture ou au goût de la découverte des gens et des genres, à la découverte de dons dont j’ignorais à même l’existence.
Mais la vie est elle même une découverte de tous les instants imprégnés de surprises, non ?

Si ce site n’est en aucun cas un prétexte à raconter une période de ma vie somme toute banale, il n’en est pas moins important de retracer (je pense), très brièvement les bases du parcours, car tout vient à point à qui sait attendre (dit-on) et même si je ne suis pas encore arrivé au bout de mes peines, mon Dieu ce que le temps parait long quand on attend.

Je dus attendre longtemps jusqu’à me sentir suffisamment prêt et responsable pour entreprendre un premier périple (sans grande préparation), dans une mégalopole comme Los Angeles.
D’une manière générale, les moqueries qui fusaient vers moi lorsque j’invitais quelques incrédules à partager mes ambitions (déjà bien ancrées, dès l’âge de douze ans) me laissaient de glace.
Mes "amis" d’alors n’avaient d’autres ambitions que de travailler à la chaîne et avaient la vue psychologiquement basse, tout en jalousant leurs contemporains et je ne voyais en cela rien de mal, mais les miennes étaient d’un tout autre genre.

Tourner sans cesse ces regards vers Hollywood semblait bien grotesque et futile à cette époque là.
De plus, cela nécessitait rien de moins qu’un CV bien fourni et des études bétons, mais le doux rêveur que j’étais allait devoir miser sur autre chose…
Je ne savais pas encore ce que cela serait, mais un jour de mai 1999... je compris…du culot , de la persévérance et beaucoup de patience.

Au fil des années, poussé par le regret de n’avoir pas assez travaillé à l’école, je décide de m’intéresser à tout ce qui me tombe sous la main (et les yeux).
Le français, une matière noble, une langue de poète infiniment belle (mais complexe) pourrait me servir plus qu’aucune autre chose dans la vie, j’en étais intimement persuadé.
Le retard était conséquent, mais n’est-ce pas en forgeant que l’on devient forgeron ?
Peu à peu, le terme autodidacte prit tout son sens et l’heure du réveil sonna enfin (trop tard diront certains, aujourd’hui hypocritement complaisants devant les premiers résultats du fils de contremaitre que je suis).

Toujours affairé entre deux devoirs ou à l’écriture de romans bidons (faites à la demande de quelques rares bons copains), je prends le taureau par les cornes et téléphone à quelques agences de stars hollywoodiennes, leur proposant mes maigres (et virtuels) services dans un anglais très barbare.
Évidemment, et à juste titre, mes interlocuteurs me raccrochèrent au nez, mais les dédicaces personnalisées affluèrent avec de petits mots d’encouragement : Paul Newman ou Kevin Spacey (par exemple).

Ce premier contact avec la grande Amérique allait me combler de joie, pourtant les choses ne pouvaient en rester là.